Une collaboration unique : La coopérative Vlaams Hoeverund et Colruyt Group s’engagent ensemble dans la culture du carbone, le carbon farming
Les agriculteurs flamands s’engagent dans des projets pilotes concrets visant à favoriser la séquestration du carbone dans le sol
Jeudi 12 mai 2022
Aujourd’hui, la coopérative Vlaams Hoeverund et Colruyt Group présentent quelques-uns de leurs projets pilotes dans le domaine de la culture du carbone. Le groupe actif dans la distribution et les éleveurs flamands, des partenaires de longue date dans la chaîne agroalimentaire, unissent leurs forces pour favoriser la séquestration du carbone dans le sol à l’aide de diverses techniques intelligentes. Colruyt Group fournit des conseils, propose des idées et apporte un soutien financier, tandis que les agriculteurs réalisent des actions concrètes et s’engagent notamment dans la rotation créative de leurs cultures. Une initiative indispensable dans le cadre de la préservation d’un sol sain. Le projet pilote est codirigé par Inagro.
La culture du carbone, une piste durable
Aujourd’hui, la Flandre, et, par extension, le pays tout entier, se trouve dans une position idéale pour augmenter les stocks de carbone présents dans le sol. En effet, les sols présentant une bonne teneur en carbone organique résistent mieux à l’érosion, bénéficient d’un meilleur équilibre hydrique et sont plus fertiles. Ils sont également mieux protégés contre les sécheresses et les inondations. Un sol riche en carbone agit comme une éponge : il retient mieux l’eau dans des conditions de sécheresse et la libère plus facilement dans des conditions d’humidité.
« La culture du carbone ou “carbon farming” signifie que le carbone aérien est retenu et stocké dans le sol. Il existe différentes techniques innovantes et applications intelligentes permettant de pratiquer la culture du carbone : fertilisation organique, meilleure diversification de la rotation des cultures, agroforesterie… Nous explorons également les modèles économiques pouvant être couplés au secteur agricole belge, mais nous constatons aussi que la sensibilisation des agriculteurs à une gestion active des sols fait parfois défaut », explique Franky Coopman, conseiller sol chez Inagro.
Les enjeux sont de taille. Afin d’y répondre, il est souvent bénéfique de travailler main dans la main. C’est exactement ce qu’ont fait Colruyt Group et les agriculteurs de la coopérative Vlaams Hoeverund en tant que partenaires au sein de la chaîne agroalimentaire. Ils collaborent depuis quelque temps sur divers projets pilotes visant à instaurer la culture du carbone sur plusieurs champs flamands. « Il s’agit d’un bel exemple d’un modèle commercial possible au sein même de la chaîne agroalimentaire », poursuit Franky Coopman, qui participe à l’accompagnement des projets.
Un partenariat constructif
Vlaams Hoeverund (VHR) est une coopérative qui réunit les éleveurs bovins flamands depuis 2019. Ensemble, ils approvisionnent le marché en viande bovine de qualité. Depuis sa création, cette coopérative travaille en étroite collaboration avec Colruyt Group en se reposant sur deux piliers : la qualité et la durabilité.
Vlaams Hoeverund s’engage depuis longtemps dans la durabilisation des élevages, par exemple sur le plan de la circularité. L’organisation a donc manifesté un grand intérêt pour le lancement d’initiatives en matière de culture du carbone. En outre, en tant que distributeur qui propose quotidiennement des produits frais à des milliers de clients, Colruyt Group a l’ambition de poursuivre ses investissements dans l’agriculture durable.
Ce projet de culture du carbone implique de travailler en étroite concertation ; il s’agit d’un partenariat au sein duquel les deux parties joignent leurs forces pour induire un changement profond. Dans ce contexte, à l’heure actuelle, Colruyt Group endosse principalement un rôle de conseiller et de catalyseur. « Colruyt Group s’engage principalement pour favoriser un changement durable. Nous souhaitons créer un “déclic”. Nous contribuons à chercher des solutions, techniques et rotations de cultures qui apporteront une valeur ajoutée aux agriculteurs. Des outils qui leur permettront de subvenir au mieux à leurs besoins et d’assurer la pérennité de leur entreprise. Nous proposons un soutien financier afin de couvrir les frais supplémentaires ou de compenser les manques à gagner et de faciliter ainsi la transition pour les agriculteurs. Nous aspirons à jeter des bases en la matière et à contribuer au changement de manière structurelle. Nous souhaitons apporter une valeur ajoutée pleine de sens pour diverses parties », explique Geert Hanssens, expert agricole chez Colruyt Group. Il entretient régulièrement des contacts avec les agriculteurs de la coopérative Vlaams Hoeverund.
Le développement des idées et leur réalisation reposent entièrement entre les mains des agriculteurs. Ils mettent tout en place sans aide extérieure ; il s’agit de leur propre aboutissement et c’est toute la valeur ajoutée du projet.
Luc Poppe de la coopérative Vlaams Hoeverund explique : « Ce projet se concrétise littéralement sur le terrain. Nous apprenons à mesure qu’il se poursuit. Quelle joie de savoir que nous ne sommes pas seuls et que nous pouvons continuer de nous inspirer et de nous motiver mutuellement. La fiabilité et la transparence de la communication constituent les fondements de cette collaboration – pour la coopérative, il est particulièrement intéressant de pouvoir travailler avec les experts de Colruyt Group ».
Quelques projets belges concrets de culture du carbone
Au cours de cette dernière année, plusieurs projets très concrets ont été lancés au sein de Vlaams Hoeverund : des projets pilotes visant la mise en place de nouveaux types de cultures, des rotations des cultures et des combinaisons de cultures et de techniques afin de favoriser la séquestration du carbone dans le sol. Ensemble, nous avons déterminé la situation initiale (données de référence) et établi le cadre de référence. Nous suivons désormais l’évolution de la situation. Il s’agit d’une méthode de travail particulièrement authentique, adaptée à l’entreprise agricole qui la met en place et qui constitue une source de motivation pour toutes les parties.
- L’orge d’hiver par l’agriculteur Jos Raeymaekers (Webbekom) : Jos s’est engagé à cultiver une récolte d’orge d’hiver « Galileo » (3,5 ha). L’orge a été coupée durant la deuxième moitié d’avril 2022 et mise en balle pour servir de fourrage alimentaire au bétail. Ensuite, l’orge d’hiver fauchée peut repousser afin d’assurer à nouveau une bonne récolte de céréales durant l’été. Ainsi, le sol est protégé tout au long de l’hiver, favorisant la fertilité globale du sol et le stockage du carbone. « Cette pratique nous semble très intéressante, d’une part pour favoriser le stockage du carbone dans le sol, et d’autre part pour briser le modèle de rotation limité herbe – maïs – herbe », explique Jos.
- Le sorgo cultivé par Claudio Saelens sur 1,2 ha (Beernem) : Le sorgo est une plante herbacée pouvant être semée au printemps après l’herbage. En premier lieu, l’herbe est coupée à deux reprises pour créer une couche de protection durant l’hiver. Ensuite, le sorgo peut être semé alors même que le sol est encore très froid. Le sorgo constitue une source d’alimentation riche en protéines pouvant être ensilée puis mélangée au maïs et utilisée comme fourrage pour le bétail.
- Plantation d’arbres supplémentaires afin d’élargir les zones d’ombre pour le bétail chez Johan Pattyn (Ardoye).
- Projet basé sur les copeaux de bois chez Sandra Patyn et Frederik Van de Sompel (Sleidinge) : Les copeaux de bois favorisent grandement le stockage du CO2. Sandra et Frederik mènent un projet pilote qui vise à utiliser les copeaux de leurs saules têtards comme paillis dans les enclos du bétail (3 ha). Ces copeaux servent ensuite d’engrais dans les champs.
- Parcelle d’orge, de vesce et de pois avec triticale et vesce sur les abords (2,2 ha) chez Luc Poppe (Wachtebeke). La récolte et l’ensilage ont lieu à la mi-mai. Ces plantes servent de fourrage riche en protéines pour la croissance du jeune bétail, remplaçant ainsi le soja. Après la récolte, du maïs et des haricots sont plantés, une fois encore afin de réduire notre dépendance aux protéines importées (soja). En outre, notre objectif est d’éviter les engrais chimiques. En effet, les pois et les haricots sont capables d’interagir avec les bactéries symbiotiques, produisant ainsi de l’azote atmosphérique pour les plantes. Les plantes avoisinantes peuvent également profiter de ce mécanisme.
Le potentiel de la culture du carbone
L’évaluation des rendements écologique et économique est également prise en considération dans ces projets pilotes. Luc Poppe ajoute : « La culture du carbone doit toutefois être envisagée sur une échelle d’au moins dix ans ; la rentabilité se construit progressivement. Nous nous engageons dans un travail sur plusieurs générations. » La mise en pratique des techniques de culture du carbone sur 100 hectares pendant 10 ans (à raison de deux tonnes de CO2 par hectare et par an), permet de stocker quelque 2 000 tonnes de CO2. Cela équivaut à la quantité de CO2 captée dans l’air par 20 000 arbres sur une période de 10 ans. Ou encore aux émissions de votre voiture sur une distance équivalant 200 fois le tour de la terre.